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USSR in construction N° 3 1930
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USSR in construction N° 3 1930

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Numéro en anglais de URSS en construction consacré à l'electrification de l'Union Soviétique. 

Infolio de 32 pages illustrées de magnifiques héliogravures. 

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Publiée mensuellement à Moscou entre 1930 et 1949 et destinée à un public soviétique comme étranger, la revue L’URSS en construction s’affiche comme un luxueux magazine présentant essentiellement par la photographie les réalisations de la « patrie du socialisme » dans les domaines industriel, technique et culturel à l’heure des premiers plans quinquennaux. Placée sous le patronage de Maxime Gorki, la revue doit sa notoriété au talent des photographes et photomonteurs qu’elle a employés. Artistes des avant-gardes des années 1920 et photographes dits « prolétariens » contribuèrent, en effet, à la qualité visuelle de cette revue, qui fut aussi, en ces années de Terreur, un lieu de cristallisation et de résolution des conflits artistiques.

 

Si, d’emblée, la revue fait une très large place à l’image au détriment des mots, c’est que l’image, immédiatement accessible, sans traduction, est perçue comme une preuve irréfutable de la réalité de ce qu’elle montre et qu’elle a, de fait, un immense pouvoir d’évocation et de persuasion qui dépasse celui des mots3. Reprenant à son compte la devise d’Ogoniok (« pas d’information sans photo ou dessin »), L’URSS en construction accordera donc, au sein de sa rédaction4, une place essentielle à ses directeurs artistiques, comme Alexandre RodtchenkoEl Lissitzky et leurs épouses Varvara Stepanova et Sofia Küppers-Lissitzky.

 

Leur tâche première était de collecter et mettre en forme les matériaux artistiques, notamment photographiques, pour former un récit visuel thématique en respectant « la logique de l’objet décrit » selon le principe constructiviste de la « factographie » théorisé par Sergueï Tretiakov dont l’idée était de faire  « un inventaire de cette économie socialiste que nous sommes en train de construire » et de former les archives ou une encyclopédie de la nouvelle société à partir de « biographies d’objets » ou « faits » (la forêt, le pain, le fer). Les numéros thématiques de L’URSS en construction sur la mise en valeur des richesses naturelles du pays ou des usines particulières sont l’écho de ce projet5. L’agencement des matériaux artistiques forme des « séries photographiques » ou « essais photographiques »6 qui incluent d’autres matériaux (cartes, graphiques, schémas, etc.) dans une volonté de rajouter de la crédibilité aux informations véhiculées par les photographies. Ces dernières, signées par M. Alpert, G. Petroussov, A. Chaïkhet etc., ont, à de rares exceptions près, des cadrages assez simples : plans moyens qui permettent de voir l’environnement du sujet, plans larges spectaculaires, souvent pris d’avion et gros plans pris au zoom. Cette simplicité est voulue. D’une part, elle reflète, par la marginalisation des photographies se rattachant à ce courant (les photographies « de travers »), la condamnation du formalisme7 et, d’autre part, elle reporte la mise en scène sur le montage des pages et facilite l’utilisation des images par les directeurs artistiques.

 

Alors que Lissitzki avait réalisé une gigantesque fresque de photomontages de 24 m x 3,5 m à l’exposition Pressa de Cologne en 1928, le photomontage n’est entré dans L’URSS en construction qu’en 1931, avec celui conçu par John Heartfield, artiste communiste allemand qui utilisa cette technique pour combattre le capitalisme puis le nazisme. Heartfield visita l’Union soviétique en 1931-1932 et participa au numéro de septembre 1931 de L’URSS en construction. A partir de là, le photomontage prit une place importante dans la revue. Lissitzki et Rodtchenko en publièrent parfois en couverture évinçant alors la technique de la surimpression.

 

Cependant, le photomontage n’a pas toujours eu les faveurs du comité de rédaction de la revue qui craignait « que le magazine y perde sa simplicité et son naturel »2. Les photomontages étaient pourtant une solution aux défauts que Gorki avaient repérés dans les épreuves du numéro 0 de la revue publié en décembre 1929 : « La maquette du premier numéro inclut des photographies de plusieurs processus de travail : l’assemblage de cylindres de moteurs, le test d’une machine-outil, l’assemblage de turbines etc. Je ne pense pas que nous ayons introduit quoi que ce soit de nouveau dans les processus de travail qui stupéfie les étrangers. C’est même plutôt ces processus qui caractérisent « l’ancienne manière », les attitudes négligentes persistantes des travailleurs envers le matériel et des attitudes bornées envers le travail. Il est tout à fait possible que des étrangers en regardant ces photographies y voient les travailleurs en retrait, en train de fumer et ne prenant pas part au travail […] C’est un non sens de présenter ainsi des photographies de travailleurs qui assistent en spectateurs au travail de leurs camarades »3. Mais, rien de plus facile que de faire disparaître ce spectateur gênant d’un coup de ciseau.

 

Car les techniques du photomontage sont les mêmes que celles qui servent à retoucher les photos à des fins politiques : découpage, détourage, collage, assemblage. Dans le photomontage tel qu’il est pratiqué dans L’URSS en construction, l’assemblage reste décelable, il n’est pas harmonisé à coup d’aérographe ou d’encre de Chine, parce que la vraisemblance n’est pas recherchée et que l’image se revendique comme une composition. Il s’agit plutôt d’étonner en mêlant des éléments disparates (des photographies prises en différents lieux et à différentes époques), ce qui leur donne un sens nouveau, une sorte de « sur-vérité », une « vérité » supérieure à celle intrinsèque aux images qui composent le montage. De fait, ce photomontage n’est pas, ici, un art de combat comme le pratiquait Heartfield. Il relève plutôt, et les propos de Gorki le légitiment, d’une démarche qui vise à embellir et perfectionner ce que l’on voit, à transfigurer la réalité pour représenter un idéal imaginaire et utopique. C’est dire que ce photomontage traduit, en creux, la déception de certains artistes devant une réalité qui n’a pas tenu les promesses de l’idéal, une réalité où il existe encore, métaphoriquement ou non, des travailleurs spectateurs4. C’est ce qui explique la permanence du photomontage dans la revue jusqu’à la fin des années 19305.

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