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Manuel de l'histoire générale de l'architecture chez tous les peuples et particulièrement de l'architecture en France au Moyen-Age.
Éditions Paulin 1843. Édition originale.
2 volume in-12 de 501 et 444 pages. Illustrations in-texte.
Reliure demi cuir, dos à nerfs.
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Architecte, historien de l'architecture
Autres activités
Historien, traducteur, restaurateur
Sujets d'étude
Architecture de l'Europe, de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique, de l'Antiquité au XIXe siècle
Carrière
1813-1823 : formation à l'architecture reçue de son père l'architecte Joseph Ramée aux États-Unis, à Hambourg et en Belgique
1823 : participation à la publication des Jardins irréguliers de Joseph Ramée, à Paris
1823-1843 : rassemblement des matériaux pour la constitution d'une histoire mondiale de l'architecture
1829-1832 : membre de la Société des antiquaires de Normandie
1830-1831 : dessinateur lors des deux premières tournées d'inspection de Ludovic Vitet
1835- v. 1845 : correspondant du Comité des arts et des monuments qui le charge d'une mission d'inventaire des monuments dans l'Oise puis dans l'Aisne (il ne s'y est jamais réellement consacré)
1839 : participation à la publication du Recueil de cottages de Joseph Ramée
1839-1850 : architecte du gouvernement chargé, des travaux d'entretien et de restauration des édifices de l'Oise (notamment de l'ancienne cathédrale de Noyon) et de la Somme
1842-1847 : héritage des planches de cuivre de Claude Nicolas Ledoux et publication de L'Architecture de Claude Nicolas Ledoux en deux volumes chez Lenoir
1845 : publication de la Monographie de l'église de Notre-Dame de Noyon dont le texte est de Ludovic Vitet et les planches de Ramée
1847 : élaboration d'un projet pour l'église d'Auffargis (Yvelines), qui sera réalisé par deux architectes de Rambouillet (1853-1855)
1848-1850 : architecte diocésain des édifices de Beauvais
1848-1850 : participation au projet d'agrandissement de l'hôtel de ville d'Étampes de Pierre et Auguste Magne
1850-1887 : nombreuses publications et traductions dans divers domaines (architecture, histoire, politique, religion, ésotérisme)
Daniel Ramée reçoit de son père Joseph une formation d'architecte et suit celui-ci dans les pays où le conduisent ses travaux, notamment aux États-Unis pour la construction du Schenectady College (1812-1816), à Hambourg et en Belgique (1818-1823). Assez tôt, Ramée est amené à assister son père, principalement pour la publication des Jardins irréguliers (1823) et pour la conception de jardins à Hambourg et en France. Allemand par sa mère et germanophone, Ramée étudie les ouvrages des historiens de l'art allemands, tels que Christian Ludwig Stieglitz, Karl Otfried Müller et surtout Karl Friedrich von Rumohr, qui marqueront ses écrits et qu'il va contribuer à introduire en France. Jusqu'à la fin de sa vie en effet, Ramée publie des traductions de textes allemands, parmi lesquels les Monuments d'architecture, de sculpture et de peinture de l'Allemagne d'Ernst Förster en 1856, les Basiliques chrétiennes de Rome de Christian von Bunsen en 1872. Outre l'allemand et le français, Ramée parle et lit l'anglais, l'italien, l'espagnol, le néerlandais, le latin et le grec, ce qui lui permet de satisfaire sa grande curiosité pour des domaines aussi divers que l'histoire, la géographie, l'histoire de l'art et surtout de l'architecture, les mathématiques et les sciences naturelles. Son Manuel de l'histoire générale de l'architecture chez tous les peuples, publié en 1843 mais conçu dès 1823, a la particularité de ne pas s'intéresser uniquement à l'art européen, mais de prendre en compte des cultures moins fréquentées, celles des Phéniciens, des Arabes et des Indiens. Pour comprendre l'histoire de l'architecture, dit-il dans l'introduction du Manuel, il ne faut pas se contenter d'une succession de monographies, mais il faut la lier à « l'histoire universelle du genre humain et à l'histoire de chaque peuple en particulier ». Il faut donc considérer « l'histoire primitive du genre humain, des religions, la filiation des peuples, leurs migrations, les temps et les circonstances sous l'influence desquelles chaque pays s'est peuplé » (Ramée, Manuel de l'histoire générale de l'architecture chez tous les peuples, 1843, p. 2). Jusqu'au début des années 1850, le Moyen Âge reste la période de prédilection de Ramée. Comme son maître et ami Ludovic Vitet, il voit dans l'art médiéval la conséquence de l'épanouissement de la religion chrétienne et surtout de l'émancipation des communes (Vitet Ludovic, Rapport à M. le Ministre de l'Intérieur sur les monuments, les bibliothèques, les archives et les musées des départements de l'Oise, de l'Aisne, de la Marne, du Nord et du Pas-de-Calais, 1831, p. 12) : au XIIIe siècle, les monuments religieux ne sont plus élevés par des moines mais par des architectes laïques, réunis en corporations maçonniques, dont l'arc ogival à la forme symboliquement triangulaire est l'invention la plus convaincante.
Cependant, 1850 marque un tournant dans les centres d'intérêt de Ramée. Cette année voit son renvoi de sa mission d'architecte attaché à la Commission des monuments historiques pour négligence des chantiers, ainsi que la rupture entre l'orléaniste Vitet et le républicain actif qu'il est devenu lui-même lors de la révolution de 1848. À partir de 1860, Ramée commence à publier une nouvelle Histoire de l'architecture qui, si elle reprend des paragraphes entiers de son Manuel de 1843, apporte de nouvelles réflexions sur l'évolution de l'architecture, fondées sur le déterminisme racial et inspirées par les ouvrages des linguistes Ernest Renan, Histoire générale et système comparé des langues sémitiques (1850) et August Friedrich Pott, Die Ungleichheit menschlicher Rassen (1852 pour le premier tome), ainsi que par l'Essai sur l'inégalité des races d'Arthur de Gobineau (1854). La théorie de l'architecture de Ramée repose désormais sur une conception cyclique de l'histoire qui est la lente décadence de la tradition originelle du Bien, tradition qu'il faut retrouver par une révolution. L'Antiquité grecque, le XIIIe siècle et la Renaissance sont considérés comme des âges d'or, tandis que les périodes qui suivent, l'Antiquité romaine, la fin du Moyen Âge et l'architecture moderne, corrompues par les peuples sémitiques, sont des âges de fer. En tentant de dépasser Franz Kugler et en adoptant le système de présentation de son Geschichte des Baukunst commencé en 1856, Ramée, dit Werner Szambien, « se dirige vers la scientificité absolue », cherchant à faire de l'histoire de l'architecture une nouvelle discipline scientifique (Szambien, La Naissance de l'histoire de l'architecture en France et en Allemagne, 1988, p. 178 et Simona Talenti, Histoire de l'architecture : émergence d'une discipline (1863-1914), 1998, p. 14). Ramée, malgré ses errements théoriques, a le mérite d'avoir, le premier, tenté de composer une histoire de l'architecture élargie tant dans l'espace, car les monuments mexicains ne sont pas oubliés (Jules Gailhabaud, Monuments anciens et modernes, collection formant une histoire de l'architecture des différents peuples à toutes les époques, 1850), que dans le temps. En effet, le troisième volume de L'Histoire générale de l'architecture paru en 1885 est consacré à la Renaissance et aux temps modernes. Selon Ramée, après la période de la Renaissance, les arts entrent dans une nouvelle phase de décadence. Au XVIIe siècle, la création de l'Académie entraîne la disparition du sentiment du beau en architecture. Cependant, les constructions, quoiqu'uniformes et ennuyeuses, restent encore supérieures à celles du siècle suivant. Au XVIIIe siècle, seul le garde-meuble de Jacques Ange Gabriel est digne d'être mentionné comme le plus beau monument des temps modernes. Une place particulière doit toutefois être faite à Nicolas Ledoux. En effet, Ramée qui a hérité de manière mal définie des plaques de cuivre de l'architecte, les publie à Paris en 1847 et les présente comme le deuxième tome de L'Architecture considérée sous le rapport des arts de 1804. Cet héritage cependant s'avère embarrassant car dans la préface, l'auteur hésite entre incompréhension et admiration pour l'originalité d'un artiste qui « a voulu inventer une nouvelle architecture ».
En parallèle, Ramée consacre quelques ouvrages à la vulgarisation de sa discipline. En effet, il publie dans le Nouveau Journal des connaissances utiles, entre 1854 et 1858, une série de dix articles retraçant l'histoire de l'architecture, ainsi que l'avaient fait quelques années auparavant Léon Vaudoyer et Albert Lenoir dans le Magasin pittoresque. Si les huit premiers textes sont un résumé très concis de sa future Histoire générale, les deux derniers distillent de nombreux conseils relatifs à l'établissement d'un projet de maison particulière, conseils qui seront développés en 1868 dans un guide, L'Architecture et la construction pratique mises à la portée des gens du monde, des élèves et de tous ceux qui veulent faire bâtir. Au cours de la même année, tandis qu'Eugène Viollet-le-Duc termine l'édition de son Dictionnaire raisonné, Ramée publie un Dictionnaire général des termes d'architecture en français, allemand, anglais et italien pour faciliter la lecture d'ouvrages en langues étrangères traitant d'architecture.
Si Ramée s'inspire des démarches et des ouvrages de ses collègues, il apparaît cependant novateur du point de vue de la méthode et des principes évolutionnistes qu'il applique à l'histoire de l'architecture en tant que discipline. Après sa mort, il tombe dans l'oubli, d'où il n'est jamais réellement sorti.
Françoise Hamon, professeur émérite université Paris IV Sorbonne (histoire du patrimoine), et Peggy Rodriguez, historienne de l'art
Traductions